espace scolaire et théâtre de verdure
Parcé-sur-Sarthe (72)2016-2021
Maîtrise d’ouvrage : Commune de Parcé-sur-Sarthe (72)
Programme : Construction d’un restaurant scolaire et d’un espace périscolaire
Surface : 770 m2
Coût des travaux : 1 640 000 € H.T.
Statut : Livraison 2020
Photographies :
François Dantart
Tristan Brisard
Atlas des paysages de la Sarthe – Unité 12
« La petite ville, perchée sur un coteau rocheux, accroche ses maisons anciennes et ses fortifications au-dessus de la Sarthe. Cet espace pittoresque est délimité par les silhouettes caractéristiques du calvaire et de la tour Saint-Pierre »
Comment insérer un nouveau bâtiment, important par sa taille et sa fonction, aujourd’hui et en continuité, au sein de la petite ville de Parcé-sur-Sarthe dont l’identité du bâti homogène caractéristique remonte au 15e siècle (13e siècle pour la Tour Saint-Pierre) ?
Comment un complexe de restauration scolaire et périscolaire, si contraint des points de vue normatif et technique, si exigeant du point de vue des usages et des flux (enfants, personnel, véhicules, livraisons…) peut-il se concevoir avec sobriété? Comment intégrer sans la subir, la quantité colossale d’équipements techniques embarqués qui dénaturent un grand nombre des architectures de ce type ?
Comment imaginer une construction durable, évolutive, intemporelle et emprunte de l’ADN de la commune de Parcé-sur-Sarthe ?
Le parti pris architectural imagine un bâtiment aux volumes épurés, aux formes simples en apparence, qui viennent en écho aux constructions de pierres du centre bourg.
• D’abord par le recours au béton coulé en place, en tant que matière minérale constitutive. La pierre de notre époque. Les formes épurées de béton revêtent une couleur claire qui entre en résonance avec le sol calcaire du terrain d’assise et avec les murs et fortifications en pierres calcaires du centre bourg.
• Les cinq émergences du bâtiment font clin d’œil aux silhouettes caractéristiques du village (la tour Saint-Pierre, la tour du calvaire, le clocher de l’église…). Elles dessinent le nouveau bâtiment et lui confère sa forme spécifique. Trois émergences offrent des doubles hauteurs intérieures. Elles confèrent à ces espaces une certaine solennité et sérénité en augmentant aussi le potentiel d’affaiblissement acoustique. Les deux autres émergences accueillent les locaux techniques (chaufferie et multiples équipements en toiture à ciel ouvert, de ce fait cachés et isolés des avoisinants du point de vue phonique). Le niveau RDJ du bâtiment est ainsi libéré de la grande majorité des espaces techniques pour une libre circulation de la lumière et des personnes.
Un plan en forme de carré évidé en son centre s’est imposé :
• Avec d’abord l’idée d’une construction qui définit en elle-même son propre contexte par un jardin intérieur, un patio, en écho aux jardins clos de murs du centre-bourg. En d’autres termes, la construction s’ouvre sur elle-même. Le Magnolia ici planté, par ses fleurs printanières et ses feuilles caduques, exprime la prise en compte de la saisonnalité dans la cuisine et les menus. Il y a cette volonté d’imbrication minéral-végétal que l’on retrouve dans le centre bourg.
• Puis la recherche d’une architecture protectrice, d’une carapace fermée de la rue et des espaces publics à l’Est, préservée des allers et venues des véhicules sur le parking (personnel, parents, livraisons). Cette idée de façade fortifiée, caractéristique de l’identité de la commune, se justifie par la volonté de protéger les enfants. La fonction première et fondamentale de l’Architecture est bien celle de protéger.
• Mais une fois le portail passé, la construction s’ouvre intégralement sur l’école et le contexte paysager. Les espaces intérieurs se connectent tous visuellement les uns aux autres.
La perception de forte fermeture sur l’espace public renforce d’autant la sensation de transparence et de liberté lorsqu’on franchit le mur de la cour d’entrée.
Depuis l’extérieur, le bâtiment semble renoncer à tout effet, par des volumes fonctionnels et minimalistes, presque abstraits. À l’intérieur, il prend au contraire une toute autre complexité par le recours à des formes architecturales plus habituelles, plus reconnaissables et par davantage de matières et d’équipements.
Il y aussi l’idée sous-jacente de concevoir un bâtiment qui semble avoir toujours été là, sous une autre forme, avec une autre fonction et qui se révèle être une construction intemporelle, d’âge ancien :
• Par un plan basé sur un carré parfait, qui pourrait évoquer les plans des temples, des monastères et des couvents,
• Par la trame régulière des poteaux en béton dont la taille et la forme hexagonale évoquent les enfilades classiques des colonnes doriques,
• Par la distribution des espaces via un cheminement périphérique, un cloitre.
Et les multiples éléments intérieurs en béton brut, avec leurs aspérités, leurs défauts, leur matérialité, semblent être des vestiges d’une ancienne construction, que l’on aurait réhabilitée et réinvestie. Le contraste entre les imposants poteaux et la finesse des murs rideaux vitrés renforce l’idée d’une succession d’époques : l’époque actuelle de la réhabilitation et l’époque d’origine de la construction. En d’autres termes, le bâtiment s’est aussi inventé un propre contexte historique. On remarque que les poteaux sont par endroits découpés, modifiés voir supprimés, comme si les alignements d’origine n’avaient pas résisté au temps, aux usages et vagues de réhabilitation.
Le choix des matières et notamment celui des portes revêtues de planches de chêne, à l’image de portes anciennes, donne cette sensation d’intemporalité et tente de faire oublier notre époque constructive actuelle, où l’Architecture se constitue et s’identifie par l’agglomération et la juxtaposition de produits manufacturés, normés, reconnaissables d’un bâtiment à l’autre, d’une région ou d’un pays à l’autre. Alors que l’Architecture est d’abord l’édification d’espaces à vivre originaux, où l’art de bâtir et les savoirs faire des entreprises, des artisans et des compagnons tiennent le premier rôle.
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