talu . tristan brisard architecte

talu : inuktitut. abris, cachette

Dieu est une promenade architecturale

Pontmain (53)
2004


Programme : Centre marial et de théologie
Equipe : Tristan Brisard et Alexandre Thuin
Statut : Concours
Photographies : Tristan Brisard

L’existence de Dieu est directement liée à l’image que l’on en fait. La Peinture, la Sculpture et peut-être en premier lieu l’Architecture tiennent ce rôle de représentation depuis longtemps. Dieu, c’est d’abord l’espace pour le célébrer ; il y a incarnation divine dans les lieux sacrés. Dieu a t’il fait l’Homme à son image ou les Hommes ont t’ils trouvé leur image en dessinant Dieu ? Il y a promenade architecturale dans la visite de divers lieux patrimoniaux successifs qui jalonnent les routes des pèlerins divers, bien sûr, ( St Jacques de Compostelle, Ste Anne d’Auray en ce qui nous concerne ), mais, si « promenade architecturale » il y a, c’est surtout dans la  matérialisation de sa dimension spirituelle… Les espaces et formes architecturales offrent de nombreux lieux propices à la méditation et à  la contemplation divine, « des lieux aux qualités mystérieuses, envoûtantes, étranges, des lieux signifiants chargés de sacralité ». C’est d’abord en cela qu’il y a promenade, à initiation architecturale. D’ailleurs, les lieux sacrés ne sont pas les seuls à procurer ce sentiment d’élévation spirituelle, ils n’ont pas l’exclusivité du divin. Les lieux spirituels échappent aujourd’hui aux grandes religions pour conquérir les espaces profanes ( AA Janv.-Fev. 2005 / 356 : « l’Architecture devient une affaire, somme toute, assez profane. Oser parler du sacré au cœur de notre formidable melting-pot de styles et de tendances peut paraître déplacé ou intempestif. Mais le sacré n’a pas disparu. Les signes du temps montrent qu’une sécularisation excessive conduit au désenchantement, bref, que le perfectionnement des systèmes rationnels ne réussit pas à étouffer les besoins spirituels. Le sacré resurgit en marge des grandes religions, loin des cultes organisés. Il fait fi de la banalisation fatale, de la fadeur généralisée. Les grandes œuvres architecturales ne se sont-elles pas toujours détachées sur fond de constructions anodines ? La manipulation savante des volumes et de la lumière conquise sur les chantiers des lieux de culte a servi tout autant au culte de l’architecture même. » ). « La raison étant la capacité d’indéfiniment recombiner, l’équipement ecclésial n’est que la mise en œuvre particulière, taxinomiquement, de variables et, associativement, de parties qui, loin de lui être propres sont communes à l’équipement profane. On ne saurait mieux dire qu’il n’est pas d’art sacré (…). En cette négation de l’ «art sacré», il n’est rien que d’attendu (…) : la technique étant bonne à tout et l’art ne pouvant échapper à l’humain, il n’est sacré que par la référence, laquelle, elle aussi, est humanisée même quand c’est le transcendant qui est en cause, puisque le Verbe se dit dans nos langues avec impropriétés et malentendus et que le royaume universel de Dieu s’incarne dans une sociétés d’hommes incapables d’échapper à l’ethnique. Toute adhésion religieuse mise à part, en se tenant à une Artistique strictement phénoménologique, le «sacré» dont on parle, c’est à dire plus exactement le théologique et le cultuel, n’est qu’un des innombrables secteurs de l’art, en sorte qu’il n’est d’ «art sacré» ni plus ni moins que d’art culinaire, funéraire, pornographique ou ce qu’on voudra ». Philippe Bruneau (1927-2001) paru dans Techniques et Architecture 405. Le terme de sacré n’a de sens que pour ceux qui en ont le sentiment, les croyants au sens le plus large ou ceux en passe de le devenir. Ce que chacun d’eux met dans une architecture, un objet, une musique, des couleurs, des matières, n’apparaît pas nécessairement aux yeux du profane. Et si, l’idée même d’art était sacré, si le sacré c’était juste le beau, la bonne proportion, alors l’architecture sacrée saurait justement celle qui a le devoir de procurer ce sentiment d’élévation spirituel.

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